Il faut raccourcir le repas de chabbat

Il faut raccourcir le repas de chabbat

Un des riches disciples de Rabbi Israël de Salant lui demanda « Cher Rav, auriez-vous la gentillesse de passer ce chabbat chez moi ? »

Rabbi Israël de Salant, le chef du mouvement Moussar, faisait très attention à ne pas être invité chez des personnes, surtout s’il n’était pas familier avec la conduite de la maison concernant la cacheroute de la nourriture et la cuisine. Par conséquent, il n’accepta pas rapidement la demande de son élève.

« Mais Rabbi, chez moi, tout est strictement fait selon les lois de la cacheroute, nous faisons attention à respecter les choses simples comme les choses compliquées », lui déclara son disciple.

« Nous n’achetons notre viande que chez Berel le boucher, qui est connu de tout le monde comme un boucher ayant la crainte d’Hachem. La cuisinière de notre maison est une femme bonne et juste, une veuve qui était mariée à un grand érudit en Torah, et ma femme supervise tout dans les affaires de cuisine à tout moment».

« Et ce ne sont que les préparatifs du chabbat, mais le chabbat lui-même mon cher Rabbi c’est le olam abba »

Et ici, l’élève commença à décrire longuement à Rabbi Israël tout ce qui était fait chez lui en l’honneur de chabbat kodech …

Tous les vendredis, nous dressons la table avec harmonie et splendeur. Nous plaçons des verres en cristal, de vrais couverts en argent, des assiettes et des bols en porcelaine antique, les chandeliers de chabbat sont faits d’or pur, et la coupe du kiddouch est faite d’or en une seule pièce et ornée de diamants.

« Ce n’est pas seulement la splendeur extérieure que nous avons Rabbi, car la spiritualité n’est pas moins importante. La récitation de 'Chalom Aléhem' se fait longuement et agréablement, après quoi l’ode à la femme vertueuse « Echet Hayil » est chanté calmement et paisiblement, comme il sied à ma femme de valeur, qui se soucie beaucoup du chabbat. Le kiddouch lui-même est dit avec beaucoup de mélodie et de patience »

Entre les plats, nous traitons de paroles de Torah, apprenons un enseignement du Choulkhan aroukh et chantons des chants de chabbat. Chacun récite à son tour une parole de Torah qu’il a préparée, et nous prolongeons ainsi le repas du chabbat jusqu’à tard dans la nuit.

« Comme je l’ai déjà dit auparavant, cher Rabbi, littéralement une sorte de Gan Eden » !

Rabbi Israël écouta les merveilleuses descriptions de son disciple et accepta l’invitation avec un grand désir. Mais il ajouta une petite condition :« Mon cher disciple, j’accepterai volontiers de passer avec vous chabbat. Il est évident que vous honorez le chabbat avec de la nourriture et des boissons, et avec des paroles de Torah, vous n’épargnez rien. Mais je voudrais, si vous acceptez cela, qu’on raccourcisse le repas d’au moins deux heures ! »

Le disciple qui voulait vraiment que son Rav bien-aimé vienne chez lui, accepta à contrecœur la condition du Rabbi, ne comprenant pas pourquoi un tel tsadik, aussi strict sur le respect de la loi juive, voudrait raccourcir un tel repas, alors que tout était fait dans le but de le parfaire. Mais l’élève ne pouvait pas refuser la demande de son Rav bien aimé.

Chabbat arriva dans le monde et une atmosphère sainte et accueillante se répandit dans toute la ville et des dizaines d’hommes et d’enfants rentraient de la synagogue en direction de leur maison.

À la tête des marcheurs se trouvait Rabbi Israël Salant, et à côté de lui son élève-hôte, plein de révérence pour le grand privilège qu’il avait aujourd’hui.

Quand ils entrèrent dans la maison, l’élève honora Rabbi Israël en le faisant s’asseoir à la tête de la table, alors qu’ils voulaient tous entonner « Chalom Aléhem » à pleine voix. Ce chabbat ne devait pas être le même que le reste de l’année. Cette fois, « Chalom Aléhem » et « Echet Hayil » furent chanté rapidement, tout comme le kiddouch et le service des plats. Les paroles de la Torah furent prononcées brièvement et en petit nombre. En ce qui concerne les chants de chabbat, on chanta un ou deux chants, et une heure plus tard, le rabbin a dit à son disciple : « Maintenant, nous faisons l’ablution des mains de la fin du repas et le Birkat amazone »

Le maître de maison, très surpris par le comportement du Rav, faillit s’emporter. Mais comme un bon élève, il resta silencieux et alla verser les eaux de mayim aharonime sur les saintes mains de son Rav, et se prépara à la récitation de la bénédiction sur la nourriture (Birkat amazone).

Après la bénédiction de Birkat amazone, le propriétaire de la maison se tourna vers Rabbi Israël et lui demanda d’une voix surprise et légèrement blessée :« Votre honneur ! Pardonnez-moi pour la question, mais pourquoi m’avez-vous demandé de raccourcir autant le repas de chabbat ? Est-ce que la façon dont le dîner se déroulait jusqu’à aujourd’hui n’était pas la bonne ? Est-ce qu’il y a un défaut que je n’ai pas remarqué ? »

Rabbi Israël ne répondit à rien, il lui fit seulement un grand sourire aimant et lui dit : « Mon cher disciple, pourriez-vous, s'il vous plaît appeler votre employée la veuve dont vous m’avez parlé ? »

Le disciple appela la cuisinière, et quand elle arriva devant le rabbi, il lui dit : « S’il vous plaît, pardonnez-moi, madame, de vous avoir fatiguée ce soir, car à cause de moi, vous avez dû vous précipiter et servir plat après plat sans arrêt, pas comme vous avez l’habitude de le faire les autres vendredi ».

La cuisinière lui répondit :« Que toutes les bénédictions s’appliquent sur la tête du Rabbi ! Si seulement votre honneur pouvait venir ici tous les autres vendredis soir. Mon patron a l’habitude de prolonger le repas très tard dans la nuit, et je suis fatigué de travailler car j’ai œuvré toute la journée, jusqu’à ce que mes jambes ne me portent plus à cause de la fatigue. Grâce à vous Rabbi, qui avez demandé à vous dépêcher ce soir, je suis déjà libre de rentrer chez moi pour retrouver mes enfants et me reposer. Je n’ai jamais apprécié un vendredi soir autant que celui-ci, enfin j’aurai aussi le temps de profiter avec mes enfants, et de me délecter du chabbat aussi. Merci, Rabbi, merci, merci ! »  dit la femme alors qu’elle essuyait une larme de joie sur sa joue.

Puis Rabbi Israël se tourna vers son disciple et lui dit : « Maintenant vous comprenez, pourquoi je vous ai demandé de vous conduire comme ça en ce jour de chabbat ? Bien que votre comportement et la façon de faire le repas soient merveilleux et très bons, tout cela n’est bon aux yeux d’Hachem que si cela ne nuit pas à quelqu’un d’autre». Le disciple comprit les paroles de son Rav et, à partir de ce chabbat, il prit soin de ne plus déranger la veuve.

 

De là, nous apprendrons, chers enfants, à quel point il est important de prêter attention aux autres. Même lorsque nous voulons glorifier l’observance des mitsvotes, nous devons nous assurer que personne d’autre ne sera blessé par cela.

Maintenant, chers enfants, il est temps de faire chéma Israël Tous ensemble « Chéma Israël, Hachem élokenou Hachem Ehad » Bonne nuit !