Le Pourim de Saragosse

Tout le monde connait l'histoire de Pourim. Mais il y a eu tout au long des époques d'autres "Pourims" moins connus. Une de ces célébrations se nomme : Le Pourim de Saragosse fêté le 18 Chévat.

Au 15 ème siècle, vivait à Saragosse, une belle et grande communauté juive composée de douze villages sous le règne du roi Aragon. Chaque année, le roi  sortait afin de visiter, les villages juifs de son royaume les un après les autres, pour entretenir une entente cordiale avec ses sujets pratiquant une autre religion. La coutume voulait, que lorsque le roi arrivait dans un village, les sages, les notables ainsi que toutes les âmes du village accueillent le roi en sortant de l'arche sainte trois rouleaux de la Torah dans leurs étuis et en bénissant le roi pour la réussite de son royaume. Au total donc trente six Sefers Torah étaient présentés au roi.

Un jour, les représentants des villages se réunirent secrètement et dirent : « C'est un affront au Maître de l'univers, de sortir devant ce roi idôlatre notre sainte Torah. A partir d'aujourd'hui nous sortirons des étuis vides, le roi ne se doutera de rien car il pensera que les étuis sont pleins». Etant donné que les chefs des communautés tenaient les Sefer au moment de la procéssion, le secret put être gardé facilement. pendant  douze ans cela se passa ainsi. A cette époque un mécréant qui avait renié sa foi pour entrer au service du roi devint ministre. Un soir, tous les ministres furent réunis autour du roi et la question juive fut mise à l'honneur. Le ministre impie prit la parole en expliquant au roi que les juifs ne le respectaient et qu'ils se moquaient de lui car les étuis de la Torah de la procéssion d'honneur étaient en fait vides ! Le roi outré par ces déclarations, décida de sortir à l'improviste le lendemain vers ses sujets juifs afin de vérifier cette information. Si cela s'avérait vrai alors la mort serait la punition.

Cette nuit là, le chamach du premier village fut réveillé par un homme rempli de lumière à l'allure majestueuse. L'homme qui était en fait Eliaou le prophète, lui demanda de se lever d'urgence, d'aller à la synagogue et de remettre les parchemins dans les étuis vides car une grande menace pesait sur le peuple d'Israël. Le chamach  dans une grande frayeur, fit ce que le messager divin lui avait ordonné et repartit se coucher sans rien dire à personne. Cette même nuit, les onze autres chamachs des villages firent le même rève.

Le lendemain matin, jour du 18 chévat, le roi d'Aragon vint avec toute sa cour, le ministre mécréant à sa droite et 300 soldats armés pour punir sur le champ les "traitres" si besoin était. Dès qu'ils les aperçurent, les chefs de communauté du premier village sortirent à leur rencontre avec les étuis de la Torah pour bénir le roi comme d'habitude. Cette fois le roi leur dit : ≪Mes chers sujets, je souhaite voir le texte de cette loi d'Hachem par laquelle vous me bénissez chaque année≫. Pris de panique, les responsables ne purent qu'obtempérer.

Quel soulagement en ouvrant les étuis de voir que les parchemins s'y trouvaient. Quel miracle ! De plus chaque rouleau était exactement placé sur le même verset où il était écrit : «Quand ils se trouveront dans le pays de leurs ennemis, je ne les repousserai pas, ni les dédaignerai jusqu'à les détruire et annuler mon alliance avec eux, car je suis l'Eternel Hachem». Pensant que c'était un pur hasard, le roi décida de passer dans chaque synagogue. Dans chacun des villages, la même histoire se répéta. Quand le roi accompagné de sa cour vit que les trente six rouleaux étaient bien présents dans les étuis, il bénit les juifs, les dispensa de taxes pendant plusieurs années et leur offrit des présents de grande valeur et se sépara en paix de ses sujets. Le ministre mécréant fut quant à lui pendu comme Aman le mécréant, sa dépouille fut jetée en pâture aux chiens du roi et ses os furent brûlés afin que son souvenir soit complétement annulé.

Depuis cette époque, les juifs de Saragosse commémorent ce miracle le 18 Chévat, par la lecture de la Méguila de Saragosse, ainsi qu'en faisant un festin avec de la musique en l'honneur d'Hachem Itbarah.