Le morceau de pain de chabbat 

Le morceau de pain de chabbat

Rabbi Israël fils d’Eliézer est né le 25 août 1698 en Pologne et est mort le 22 mai 1760 à Méjibov. Après son dévoilement auprès du peuple d’Israël, il sera appelé le Baal Chem Tov. Il est le fondateur du hassidisme. Le Baal Chem Tov s'est dévoilé après les pogroms des cosaques qui ont ravagé les communautés juives d’Europe orientale, dans une époque qui suivait l'avènement du faux machiah Chabbataï Tsvi, ce qui lui vaudra de nombreux opposants. Beaucoup d’histoires miraculeuses parsèment la biographie du saint Baal Chem Tov.

Un samedi soir, le Baal Chem Tov appela un de ses hassidimes et lui dit : «Mon cher Avraham, je vais t’envoyer en mission dans un endroit particulier, mais j’ai bien peur que tu ne puisses l’exécuter correctement». Son disciple le regarda stupéfait et lui répondit : «Rabbénou, ne vous inquiétez pas, je remplirai mon rôle correctement et réaliserai la mission pour laquelle vous m’avez choisi dans les moindres détails». Le Baal Chem Tov, sentant que son élève était sincère, lui annonça : «Tu devras te rendre dans la maison du curé principal de la ville où je t’envoie, et lui demander de te convertir au christianisme». De stupeur Avraham se leva de sa chaise en criant : «Devenir chrétien ? Pourquoi ? Comment se fait-il que le Rav m’ordonne de faire une telle chose ?» Mais que faire maintenant, il avait promis au Rav de réaliser la mission jusqu’au bout.

Avraham se dirigea vers la porte, mais avant de l’ouvrir se retourna vers son maître, afin de puiser dans son regard la force pour arriver au bout de cette mission impossible. Avant qu’il parte, le Baal Chem Tov lui donna un morceau de pain de chabbat en lui disant : «Mets ce morceau de pain dans ta poche je t’en prie, et ne le sors pas avant d’être dans la maison du curé». Encore plus surpris, Avraham prit le morceau de pain sans rien dire, et quitta son maître le cœur lourd et la peur au ventre. Arrivant dans la ville, après avoir trouvé la maison du curé, il tapa à la porte. En ouvrant la porte, le curé écarquilla les yeux d’étonnement car il avait devant lui un juif avec une longue barbe, des papillotes et un habit de hassid. Il lui demanda alors l’objet de sa visite. Avec beaucoup de difficulté Avraham le pria de le convertir au christianisme. En entendant ces mots, le curé explosa de rire et dit : «Ma foi, deux oiseaux d’un seul coup…viens, entre dans cette chambre, il y a ici un autre juif qui veut se convertir. Je vais à l’église pour récupérer des ustensiles pour votre conversion. Attendez moi ensemble jusqu’à mon retour».

Après qu’Avraham soit entré dans la chambre, le juif qui était là avant lui, lui demanda s’il avait quelque chose à manger. Avraham se rappela du morceau de pain et le tendit sans grande conviction à son compagnon. Soudain, après avoir fini de manger le juif s’écria : «Qu’est-ce que je fais ici, au secours sauve-moi». Les voisins, alertés par les cris, vinrent leur ouvrir la porte et les firent sortir de la chambre. En sortant, Avraham proposa au juif de l’accompagner chez le Baal Chem Tov. A leur arrivée, le Baal Chem Tov les reçut avec un grand sourire, et, pour stopper le supplice d’Avraham, leur demanda de prendre place pour leur expliquer toute l’histoire.

«Dans la ville où j’ai envoyé Avraham, vivait un rabbin qui avait deux garçons. Lorsqu'il décéda, la communauté décida de verset son salaire à sa veuve afin que ses deux enfants puissent continuer à vivre correctement et étudier la Torah. Mais lorsque tu es devenu le rabbin, la communauté a stoppé la pension de la veuve. Très vite, les deux enfants, n'ayant plus de ressources quittèrent le chemin de la Torah jusqu'à devenir chrétiens. La veuve, dans son désespoir, cria vers le ciel : «A cause de lui mes enfants sont devenus chrétiens, que lui aussi subisse le même sort». Cela fit un grand bruit dans le ciel et à ce moment-là, tu as perdu la raison et tu t'es rendu chez le curé pour ta conversion. Mais le Roi David est venu prendre ta défense, disant que tu avais l'habitude de faire le quatrième repas de chabbat, le Mélavé malka, et que par ce mérite tu devais être sauvé. Que si tu pouvais manger aussi manger du pain du quatrième repas dans la maison du curé, tu serais sauvé. C'est pour cette raison que j'ai envoyé Avraham chez le curé, afin que tu manges du pain de chabbat de mon repas de Mélavé malka».