Le portefeuille du gouverneur

Le portefeuille du gouverneur

 

En 1821, est né le Rav Éliaou Haïm Maizel à Horodok en Ukraine. Très jeune, il fut reconnu par ses maîtres comme un élève possédant une sagesse particulière. De 1840 à 1843, il sera le rabbin de la ville d’Horodok. Plus tard, il deviendra le Rav de Prozan où il fera preuve d’un dévouement héroïque pour le peuple juif, au cours d’une épidémie mortelle. Il se souciait beaucoup de la situation socio-économique de son peuple. Lorsque les ouvriers juifs de l’usine de Lodz où il officiait en tant que Rav, furent remplacés par des non-juifs, il finança sa propre usine et ne recruta que des Juifs.

Pendant qu’il était Rav, aucun enfant juif pauvre n’a été enlevé dans la région pour servir dans l’armée russe, comme c’était courant ailleurs. Il a aidé d’autres communautés à recueillir des fonds pour obtenir des libérations pour les personnes enlevées. Il a construit un orphelinat, une maison pour les personnes âgées, un hôpital juif et des écoles juives. Il aidait des milliers de juifs qui venaient de nombreuses communautés pour recevoir son aide. Il mettait tous ses biens en gage pour aider les autres. Il travailla avec diligence jusqu’à l’âge de quatre-vingt-dix ans. Beaucoup d’histoires ont été racontées au sujet de sa grandeur, et lorsqu’il est décédé en 1912, beaucoup ont pleuré comme s’ils étaient devenus orphelins.

On raconte qu’un jour un juif vint le voir à son tribunal rabbinique pour se plaindre de son sort. Il lui dit : « Rav, il y a un mois, j’ai trouvé un portefeuille dans la rue. En arrivant à la maison, j’ai été surpris de trouver à l’intérieur la somme incroyable de mille roubles. Le lendemain matin, j’ai découvert un message du gouverneur dans le journal local où il annonçait avoir perdu son portefeuille avec une grande somme d’argent à l’intérieur. À la fin du message, il était écrit que celui qui restituait le portefeuille recevrait une prime de cent roubles.

Pensant faire une bonne action, je me suis rendu immédiatement chez le gouverneur. Après m’avoir reçu affablement, il a compté les billets. Il s’est tourné alors vers moi et dans une grande colère commença à m’insulter et m’a traité de voleur. Il m’a demandé pourquoi je lui avais rendu seulement la moitié de l’argent. Comme je n’avais rien à me reprocher, j’ai refusé de lui donner plus d’argent alors il m’a intenté un procès pour vol qui aura lieu demain. Je vous en prie Rav, aidez-moi à sortir de cette situation qui risque de me coûter la vie ». Rav Éliaou Haïm réconforta le juif et lui demanda d’avoir un rendez-vous avec l’avocat qui le défendait. Quelques heures plus tard, l’avocat se présenta chez le Rav. Après une longue discussion, l’avocat décida de changer sa stratégie de défense.

Le lendemain au tribunal, le gouverneur commença son plaidoyer en assurant que le portefeuille contenait deux mille roubles et que le juif ne lui avait rendu que la moitié. Une fois son allocution terminée, on donna la parole à l’avocat de la défense. Se tournant vers les juges, il leur dit : « Il est impossible de soupçonner mon client, car s’il avait voulu s’approprier le bien en question, il ne serait pas venu rendre la moitié il aurait tout simplement gardé le portefeuille pour lui sans que personne ne le sache. En restituant le portefeuille, c’est la preuve flagrante de son honnêteté ».

Puis s’arrêtant de parler, il se tourna vers le gouverneur et lui demanda : «Votre honneur seriez-vous prêt à jurer solennellement devant la cour que le portefeuille égaré contenait deux mille roubles ?». Sûr de sa superbe, le gouverneur acquiesça et se leva devant toute l’assistance pour prêter un serment solennel sur la somme du portefeuille.

L’avocat s’adressant aux juges dit alors : « Messieurs il est impossible de remettre en doute les propos du gouverneur sans l’accuser de parjure. Mais d’un autre côté, il est impossible d’accuser de malhonnêteté une personne restituant un objet perdu, car dans le cas contraire elle aurait simplement gardé le bien sans en rendre une partie. La seule et unique conclusion que nous pouvons donc tirer de cette affaire est que le portefeuille trouvé par mon client n’est pas celui du gouverneur car il ne contenait pas deux mille roubles. Je demande donc que le portefeuille soit restitué à mon client, car il appartient à celui qui l’a trouvé ».

Dès qu’il eut fini son plaidoyer, le gouverneur devint rouge de colère. En le voyant les magistrats comprirent instantanément qu’il était coupable de parjure. Pour ne pas condamner leur supérieur et faire éclater un scandale, ils furent obligés d’accepter la plaidoirie de l’avocat et de rendre le portefeuille au juif. Grâce aux conseils avisés de Rav Éiaou Haïm Maizel, ce pauvre juif eut la vie sauve et gagna en plus la somme de mille roubles.

Maintenant, chers enfants, il est temps de faire chéma Israël Tous ensemble « Chéma Israël, Hachem élokenou Hachem Ehad » Bonne nuit !