Veille de Roch Achana à Berditchev

La veille de Roch Achana, les préparatifs pour le jour saint et terrible battent leur plein. Aussi bien les préparatifs physiques mais surtout les préparations spirituelles.

C’est le moment de faire un examen de conscience. C’est un moment où chaque Juif trouve les moments pour se retrouver avec lui-même et réfléchir : « Comment s’est passée l’année ? Combien de bonnes actions ai-je faites ? Avec quelle rigueur j’ai gardé les mitsvotes entre l’homme et Hachem, et non moins important, entre l’homme et son prochain ».

Comme nos maitres nous l’ont déjà expliqué, pendant le mois d’Eloul « Le Roi est dans les champs » – Hachem Lui-même est plus proche de nous que le reste de l’année, l’air du monde entier est imprégné de sainteté, et donc puisqu’Il est plus proche de nous pardonner et d’effacer tous nos péchés, il est inutile d’ajouter que surtout dans une ville comme Berditchev, il n’était pas nécessaire d’évoquer et de rappeler la vertu et la sainteté de ces jours, et surtout ce jour – veille de Roch Achana – la veille du Jour du jugement…

À cette époque, il était de coutume que le chamach – l’homme responsable de la synagogue – réveille les gens pour la prière. Il veillait à ce que personne ne soit absent à la prière. Pendant les jours de récitation des Sélihotes, où les gens ont tendance à se lever plus tôt que d’habitude, le chamach avait un peu plus de difficulté.

Mais pas dans une ville comme Berditchev personne n’avait besoin du chamach pour le réveiller. Pas une ville comme Berditchev où personne n’aurait pris à la légère de ne pas se réveiller ces jours-ci.

Au premier chant du coq, les hommes de la ville se dépêchaient d’aller vers le mikvé, et après une courte immersion, ils remplissaient déjà la synagogue.

Tout cela parce que dans cette ville vivait nul autre que le saint tsadik Rabbi Lévi Itshak de Berditchev, qui était très connu pour son amour d’Israël et pour servir Hachem avec beaucoup d’enthousiasme. À tel point que quiconque se trouvait autour de lui ressentait immédiatement un désir irrésistible de se repentir et d’adorer Hachem.

L’une des qualités les plus célèbres de Rabbi Lévi Itshak était de toujours juger favorablement le peuple d’Israël. Chaque fois qu’il voyait un juif qui semblait être un pécheur, qu’Hachem nous en préserve, Rabbi Lévi Itshak cherchait immédiatement et trouvait une idée pour expliquer comment ce juif n’avait pas péché du tout, ou qu’il l’avait fait accidentellement et involontairement.

À la lumière de cela, pour les habitants de la ville, qui ont été bénis d’avoir avec eux un rabbin si grand et juste, les jours de préparation à Roch Achana n’étaient certainement pas des jours ordinaires pour eux.

Comme chaque année, les habitants d’autres villes et villages sont venus à Berditchev pour s’imprégner du même air béni, et pour saluer Rabbi Lévi Itshak avec une bonne année, et pour recevoir une bénédiction de sa sainte bouche, qui se réaliserait sûrement.

Avant le début de la récitation de sélihotes, les nombreux fidèles se rassemblaient à l’entrée de la maison de Rabbi Lévi Itshak pour l’accompagner à la synagogue.

Cette nuit-là aussi, ils se sont tous rassemblés devant la maison du rabbin, seulement cette année…

« Bonjour R. Efraïm, depuis combien de temps attends-tu ici ? » demanda Léybalé à son ami.

« Cela fait presque dix minutes Léybalé, c’est vraiment inhabituel, j’attends en général le rabbin pendant deux à trois minutes », a répondu Efraïm.

« En effet pas ordinaire, et aussi un peu étrange je dirais, j’ai entendu dire que Guerchon le boucher attendait ici depuis plus de quinze minutes, et il n’était pas parmi les premiers à arriver non plus », a déclaré l’une des personnes dans le public.

« Qu’est-il arrivé au Rav ? Est-ce que tout va bien pour lui ? Peut-être que quelqu’un devrait vérifier ! Des voix ont commencé à se faire entendre dans le public, et Rabbi Lévi Itshak ne sortait toujours pas.

Un autre quart d’heure passa, jusqu’à ce que soudain la porte de Rabbi Lévi Itshak s’ouvre.

« Oh ! Merci Hachem, le Rav a quitté sa maison, nous pouvons maintenant aller à la synagogue pour dire les sélihotes »

« Attendez, quoi … Qu’est-ce que le Rav tient dans ses mains ? Que tient-il là ? »

Rabbi Lévi Itshak a quitté sa maison, et au lieu de tenir dans ses mains son talite, ses téfilines et son livre de prières, il tenait dans ses mains deux paniers lourds et pleins.

Dans un panier se trouvaient deux bouteilles de vodka et vingt kilos de gâteaux au chocolat. Et dans le deuxième panier, quelques paquets de cornichons, des halotes, des crackers et quelques chocolats supplémentaires…

Leurs yeux se tournèrent vers le Rav avec étonnement.

Et le Rav, sans attendre, a commencé à marcher joyeusement dans une direction inconnue.

Le public, intrigué et perplexe, sachant que le rabbin ne faisait certainement pas les choses sans raison, a décidé de suivre ses traces et de voir ce que le Rav allait faire avec ces paniers.

Ainsi, tôt le matin, Rabbi Lévi Itshak se promènait dans les rues de la ville de Berditchev, avec derrière lui une grande foule de gens intrigués et confus.

Après quelques minutes de marche, ils ont atteint une maison dans une zone abandonnée à la périphérie de la ville. Le Rav a ouvert la porte et la vue était terrible.

D’abord, c’était l’odeur terrible qui sortait de la maison, ainsi que la vue des gens à l’intérieur. C’était une maison qui servait « d’hôtel » pour les gens ivres. N’importe quel ivrogne qui n’avait nulle part où dormir se retrouvait à vivre dans cette maison.

La plupart des membres de personnes était, bien sûr, des non juifs, mais quelques juifs vivaient également dans cet endroit, et il était presque impossible de les distinguer.

Rabbi Lévi Itshak est entré dans la maison et a attrapé la tête d’un juif ivre qui dormait par terre. Apparemment, le petit châle de prière du juif, et la kippa sur sa tête, ont immédiatement trahi sa judaïcité. Rabbi Lévi Itshak l’a secoué et a commencé à lui murmurer à l’oreille : « Chalom Alékhem, veux tu boire de la bonne vodka ? Ou peut-être veux tu manger quelque chose ? J’ai de bonnes pâtisseries et des cornichons frais ici! Ou peut-être du chocolat rafraîchissant ? »

Le juif ivre n’avait aucune idée de qui lui parlait, et il a commencé à crier d’une voix forte : « Es-tu fou ? Boire et manger comme ça sans faire nétilat yadaïm ? Sans prier ? Sans bénédiction ? Est-ce que je suis un non-juif ? Sors d’ici immédiatement et laisse-moi dormir !

Apparemment, les cris forts du juif n’ont pas empêché les autres ivrognes de dormir, puisqu’aucun d’entre eux ne s’est réveillé. Par conséquent, Rabbi Lévi Itshak s’est tourné vers un autre juif qu’il a vu là-bas, et à lui aussi il a fait exactement la même offre. L’autre juif a refusé également l’offre, puis Rabbi Lévi Itshak se tourna vers le juif suivant, puis vers le Juif suivant, et chaque juif lui donnait la même réponse : « Nous ne sommes pas des non juifs ! Nous ne boirons ni ne mangerons avant de nous laver les mains, de prier et de faire la bénédiction ! »

Un grand sourire s’est répandu sur le visage de Rabbi Lévi Itshak, illuminant presque cette maison sombre…

Le rabbin s’est approché du premier non-juif qui se trouvait à proximité, l’a réveillé et lui a proposé de boire et de manger certaines des choses qu’il avait apportées.

Avant même que le Rav ait fini de parler, le païen a sauté du sol, a couru vers le sac où se trouvait la boisson, a ouvert la bouteille et en a vidé presque la moitié. Cependant, son ami Ivan, qui s’était apparemment réveillé avec l’odeur de la vodka, a attrapé sa bouteille et a commencé à boire aussi.

Rabbi Lévi Itshak a sorti des paniers tout ce qu’il avait apporté, et en un instant tous les païens dans la pièce se sont réveillés, se sont rassemblés et ont commencé à dévorer tout ce qu’il y avait.

Quelques minutes plus tard, quand les païens se sont rendus compte que tout le contenu des paniers était déjà dans leur estomac, ils ont regardé le Rav avec des yeux fatigués et rassasiés, et sont retombés immédiatement sur le sol dans un sommeil profond.

Rabbi Lévi Itshak a levé les yeux vers le ciel et a dit : « Maître de l’Univers, regarde du ciel et vois ! Quand un juif se réveille le matin, il ne pense pas à son corps, ne pense pas à la nourriture et à la boisson, mais à son âme, il ne mange pas et ne boit pas jusqu’à ce qu’il se lave les mains, prie et bénisse. Et ce sont les non-Juifs qui arrachent et mangent, arrachent et boivent, sans se laver les mains, sans bénédiction.

« Maître de l’Univers ! Même si un juif qui est loin, qui est au plus bas, qui mange et boit avec le non-Juif, se saoule avec lui et s’endort à côté de lui, regarde la différence entre lui et le non-juif comme la différence entre le ciel et la terre.

« Alors Maître de l’Univers, ne devrais-tu pas tous nous sceller pour une bonne vie et pour la paix ?! »

Et donc, avec un visage heureux, Rabbi Lévi Itshak s’est tourné vers la foule et leur a dit : « Maintenant, juifs, nous irons à Zihon Brit. »

De là aussi, chers enfants, nous apprendrons la vertu de chaque juif ! Et même s’il y a un enfant qui, pour le moment, semble être loin de la Torah et des mitsvotes, on doit toujours se rappeler que nous sommes les enfants d’Hachem, et nous possédons tous la grande vertu d’un juif : nous avons le privilège d’être les fils du Roi des Rois, le Saint, béni soit-Il.

Maintenant, chers enfants, il est temps de faire chéma Israël Tous ensemble « Chéma Israël, Hachem élokenou Hachem Ehad »
Bonne nuit !